QUELLE SEMAINE !

Entre samedi 8 mai dernier et ce vendredi ( 14 mai ), le nouveau monocoque SILL de Roland Jourdain a eu un planning de Ministre, tout comme les bons hommes chargés de le mener !

Récapitulons : Après sa mise à l’eau le 26 avril, SILL est resté à quai à Cherbourg, non loin du chantier, JMV, qui lui a donné le jour ; et ce, pour peaufiner sa préparation. L’équipage a pris la mer simplement samedi dernier, direction Calais, port distant de 160 milles où il est arrivé dimanche, 12 heures avant le coup de canon libérateur des 1000 milles de Calais, tout juste le temps d’embarquer les deux équipiers qui s’y trouvaient en attente. Roland Jourdain et les siens ont pris un départ de course en arrière plan ; mais très vite la fusée rouge a recollé au paquet de tête menée par son sister-ship, Bonduelle.

Pour ses premiers milles en course, SILL n’a pas eu à se cacher sous le rouge de sa parure ! Malgré la fatigue, due au travail de passionné-acharné qui a été effectué depuis des mois pour que le bateau soit prêt, l’équipe embarquée autour de Bilou (Gaël Le Cléach, François Sheeck, Philippe Le Gros, Hugues Destremaux, le voilier de chez Incidences et Loïc Le Bras, journaliste invité qui prenait des notes en vue du prochain Vendée Globe ) a su mener SILL alors même qu’il lui fallait trouver réglages et marques diverses puisque les innovations à bord ne manquent pas !

Pourtant, dès lundi soir, Bilou a dû prendre une décision dictée par sa sagesse et son expérience : abandonner les 1000 milles ! « C’est dur de prendre une telle décision quand tu sens que ton bateau a le potentiel et les watts ! C’est sûr qu’à la base, c’était un choix dicté par la prudence. Maintenant, que nous sommes à quai et on sait que ce choix était le bon ! » Que s’est-il passé Monsieur Jourdain ? « Nous avons eu un convoyage musclé entre Cherbourg et Calais au cours duquel on s’était aperçu que SILL vibrait de façon importante, état de fait qui s’est reproduit en course. Aussi, à la faveur de conditions clémentes rencontrées au large des côtes anglaises, j’ai plongé sous SILL pour voir.

Là, manifestement, ce que j’ai vu ne présageait pas de bonnes choses : une anomalie certaine existait au niveau de la jonction voile de quille / bulbe. Etant donné le peu d’heures de navigation que nous avions et le planning futur, j’ai pris la décision, en concertation avec l’équipe, de renoncer pour réparer. » C’est ainsi que les finistériens de Concarneau ont pu voir arriver mardi en fin de journée, le monocoque rouge bien caractéristique, qui devait quitter son port d’attache dès mercredi matin, route pêche vers Port La Forêt pour une mise au sec nécessaire ! SILL a été déquillé jeudi soir et ne touchera pas son élément préféré avant mardi 18, le temps aux techniciens de travailler sur la quille et le bulbe.. Il nous faut pas perdre de vue que SILL est un bateau encore bien jeune.

Or, étant donné le haut niveau de technologie mis en œuvre pour réaliser un bateau performant, il faut naviguer, engranger des milles pour éprouver le matériel et ainsi fiabiliser l’ensemble. L’équipage de SILL n’est pas inquiet sur ce point. Puis, la victoire de son frère de carbone, Bonduelle ( qui devra effectuer les mêmes réparations que SILL la semaine prochaine ), démontre que les choix effectués sont les bons ! « Avec Jean ( Le Cam ), on communique beaucoup en ces temps de mise au point. Les enseignements qu’il a tiré des 1000 milles vont nous servir à l’un et à l’autre. Et vice, versa ! Le procédé est efficace pour l’instant. » On tombe, on se relève…les balbutiements ne sont jamais aisés ; mais l’équipe unie et volontaire de SILL Compétition n’a pas dit son dernier mot. A bon entendeur…